Voilà ce que j’avais promis, même si tout à l’air de rentrer dans l’ordre petit à petit si on suit la logique des infos données hier par @Lilifairies et @Inoxas78 (entre autre). Mais cela s’avérera peut-être utile pour ceux qui envisagent de participer au recours collectif ou pour ceux qui devront négocier avec Orange.
Pour Samsung et la panne du GN7 : Depuis vendredi, une série d’articles en français sont venus étoffer la question de l’origine de la panne.
Tout d’abord, un peu de méthodologie : en électronique (comme en médecine), lorsque vous avez une panne, il faut considérer celle-ci comme un symptôme. Je m’explique pour les débutants : la construction d’un outil informatique est modulaire. On assemble des pièces différentes qui interagissent et communiquent entre elles par des canaux (les Bus). Même les processeurs sont construits de la sorte. Cela ressemble un peu à un cerveau avec ses différentes aires fonctionnelles. Si un des éléments tombe ne fonctionne pas, cela peut venir de l’élément lui-même mais aussi d’un disfonctionnement en amont. Exemple : votre écran d’ordinateur ne fonctionne pas, la panne peut se trouver dans l’écran lui-même, le régulateur de l’écran, l’alimentation de l’écran, la carte graphique, ou les bus qui l’alimentent en informations ou les fils qui l’alimentent en énergie. On observe tous les symptômes de la panne et ensuite pour vérifier celle-ci on change un élément en partant du plus proche de la panne (je change l’écran, si cela marche, super ; sinon je passe à la carte graphique, etc.). C’est ainsi qu’on fonctionne pour des pannes permanentes.
Sur le GN7, les pannes ne sont pas permanentes : la batterie fusionne que sur une partie marginale de la production après des laps de temps d’utilisation et des conditions d’utilisation différents. Oui, on a tendance à dire en électronique que si un appareil reste fonctionnel dans le mois, il ne va pas tomber en panne du jour au lendemain. Mais lorsque l’on dit cela, on part en fait sur un biais cognitif : l’appareil est bien conçu la seule chose qui pourrait remettre en cause son fonctionnement est un mauvais assemblage des différentes parties (soit un composant défectueux d’emblée, soit plus généralement des connections ou soudures mal réalisées). Toute production de masse comporte quelques des unités avec des défauts. Mais le service qualité est là normalement pour surveiller et retirer la plus grande partie des objets défectueux. D’où le faible pourcentage d’objets habituellement tombant en panne du côté client.
Sur le GN7, le nombre de pannes est très important par rapport à ce qui est habituellement constaté Sur iPhone 7, toute série confondue il n’y a eu que 1 ou 2 mobiles qui ont connu une panne critique (i.e. fusion du téléphone) pour une période de vente à peu près similaire au GN7. Les fusions du GN7 ne sont que les défauts les plus critiques et les plus dangereux pour le consommateur. Mais il a été constaté : des surchauffes inhabituelles (pouvant venir du CPU, de la batterie ou du GPU), des écrans dont les blancs n’étaient pas éclatants et des reboot intempestifs. Bien entendu, vu le volume de GN7 édités, il peut y avoir individuellement de multiples causes aux différentes pannes. Bien entendu, le nombre très haut de panne, en valeur absolu, peut s’expliquer par le volume d’édition du GN7 bien supérieur aux autres types de portable et/ou à une mauvaise vérification qualité dans la course à sortir le GN7 avant l’iPhone 7 et dans la deuxième série pour rattraper le retard.
Mais ce qui est inquiétant, c’est que toutes les pannes constatées si on considère une cause unique pointent aussi sur un problème de stabilité de batterie.
D’où le fait que Samsung fait des pieds et des mains pour récupérer les appareils incriminés qui ont eu une panne critique, les examine en détail et tente de reproduire les symptômes en laboratoire sur des appareils de même série afin de déterminer l’origine de l’instabilité de la batterie. Cette méthode permet d’éliminer le risque d’examiner des appareils dont les pannes ne seraient que des défauts habituels de fabrication.
A titre d’exemple, dès qu’il y a eu les premiers problèmes, j’ai installé CPU-Z sur mes 2 GN7, la température de la batterie du 1er était quasiment supérieure en permanence de 10°C par rapport au second pour un même usage, mêmes applications, et même condition de température extérieur (bien entendu mon 2ème GN7 refroidissait plus vite et montait moins en température à l’extérieur vu les températures)… pourtant, pas de problème d’écran, pas de problème de reboot, pas de problème d’explosion de batterie, et des températures batteries restant acceptables (moins de 42°C max pour le premier, moins de 35 max pour le second). Sur les 2 GN7, j’ai constaté également des hausses de température anormales de batterie alors que je ne l’utilisais pas et qu’il n’était pas en charge ; mais celles-ci peuvent venir aussi du déclenchement d’applications en arrière-plan même si, dans ce cadre-là, je n’ai pas noté une hausse de la température du CPU en corrélation. Malheureusement, je n’ai pas fait de captures d’écran… désolé, il faudra me croire sur parole…J’invite donc à la prudence ceux qui utilisent encore leurs GN7 soit par défi soit par nécessité…
Pour la 1ère série, Samsung n’a pas réussi à reproduire les pannes en laboratoire avant le début du premier remplacement. Mais comme il a constaté que les batteries SDI-Samsung étaient légèrement plus épaisses que le logement, il s’est dit banco, la panne est là (pression sur la batterie qui amène son instabilité) et il a tenté le coup voyant défiler le calendrier face à la concurrence. Malheureusement, la 2ème série a connu des déboires similaires même si le nombre de pannes critiques est plus réduit. Ce qui amène plusieurs remarques :
Rq 1 : sur la 1ère série, la batterie SDI peut être la cause du surnombre d’accidents, mais les pannes de la 2ème série indiquent la forte possibilité d’une panne également en amont de la batterie.
Rq 2 : sur la responsabilité de Samsung : ils ont pris un risque suite aux premières pannes en relançant les ventes sans avoir clairement identifié le problème. Et, vu qu’ils ont communiqués sur une panne effective en provenance de la batterie SDI, je pense que certains qui iront au recours collectifs auront de quoi argumenter sur la tromperie et la négligence. Aux USA, cela aurait encore été plus catastrophique en terme d’images et de finances d’où la décision d’arrêter totalement la production du GN7.
Rq 3 : l’explication de la capacité batterie corrélée à sa taille, à mon avis ne tient pas debout car le même type de batterie est utilisée dans d’autres téléphones plus anciens.
Mais, alors, d’où peut provenir la panne du GN7 pouvant provoquer une instabilité batterie (si on part sur l’hypothèse d’une panne unique ce qui me semble probable) ? Là, je reviens aux hypothèses que j’avais déjà données. Je les répète :
- Les batteries SDI était trop épaisses donc sous pression quand elles gonflent.
- Les contacts de la batterie ne sont pas bien placés lors du montage du téléphone du fait d'une mauvaise conception concernant leur emplacement, la forme du boîtier unibody et le logement isolant de la batterie définis par des pans verticaux.
- Le contrôleur de charge de la batterie de mauvaise qualité.
- Le contrôleur de charge buggant du fait des bidouillages de Samsung pour accélérer la charge rapide.
- Choc ou déformation de boîtier par l'utilisateur amenant les contacts anode et cathode de la batterie à se toucher car boîtier mal en choix de l'emplacement batterie mal conçu.
- Contrôle qualité mal fait du fait du volume de production laissant plus d'unités non conforme passer vers les circuits commerciaux.
- Composantes du boitier (verre et mousse) conservant trop bien la chaleur.
Mais, sans reproduction des incidents en laboratoire, on ne peut pas privilégier objectivement l’une ou l’autre. C’est peut-être même une série de petits bugs divers et-ou de manipulations du téléphone qui amène dans certaines conditions l’instabilité batterie. Personnellement, du fait de mon expérience en informatique, j’ai tendance à bien aimer l’explication d’un bug ou d’une série de bugs dûs à des programmations des chipsets (comme le contrôleur batterie) liés à des usages qui ont exercés des contraintes sur le boitier et donc sur la batterie. Mais je ne suis ni ingénieur en électronique, ni ingénieur en téléphone mobile.
Pour finir cette petite synthèse, je mets quelques liens vers les articles-sources les plus intéressants à mon avis et qui m’ont servi dans le cadre de cette écriture (nécessaire de les avoir pour un dossier juridique de recours ou pour négocier) :
- Article sur le démontage du GN7 de iFixit :
https://fr.ifixit.com/Teardown/Samsung+Galaxy+Note7+Teardown/66389
- Synthèse des composants du GN7 (je confirme donc la séparation du SoC et du contrôleur batterie) :
http://www.androidian.lk/2016/09/teardown-note7-internal-parts-and-inforgraphic.html
- Articles du New-York Times sur le GN7 et Samsung : source utile car c’est le seul journal qui a vraiment enquêté et ce sont les sources des autres articles des autres journaux :
http://www.nytimes.com/2016/10/12/business/international/samsung-galaxy-note7-terminated.html?_r=0
http://www.nytimes.com/2016/10/13/business/international/samsung-galaxy-note7-profit-battery-fires.h...
http://www.nytimes.com/2016/10/12/business/media/samsungs-passive-response-to-note-7s-overheating-pr...
http://www.nytimes.com/aponline/2016/10/10/technology/ap-us-tec-samsung-halting-note-7-sales.html
http://www.nytimes.com/2016/10/11/business/samsung-galaxy-note-fires.html
- Témoignages utilisateurs sur les déboires GN7 / GN7s : ici même et le fil frandroid
https://communaute.orange.fr/t5/offres-mobile-Orange-et-options/Galaxy-Note-7-Et-Orange/td-p/1039969
http://forum.frandroid.com/topic/248533-galaxy-note-7-rappel-samsung/
Je m’excuse d’avance auprès des modérateurs pour la longueur, mais je pense que c’est nécessaire de procéder ainsi vu la longueur du fil de discussion.
D’ici ce soir, je vous poste une synthèse juridique de mon cru si vous êtes tous OK (concernant plus Orange dans notre cas). Et suivant l’évolution dans les prochains jours, je mettrai ma lettre pour Orange.
